Tribune en réponse à l’article paru dans le parisien "Dans la jungle des « coachs parentaux »"
Pour commencer, je veux dire que je partage le constat : il est temps que l’Etat structure, organise et régule ces métiers d’accompagnement. L’objectif étant d’apporter de la clarté, de la lisibilité pour les familles et de limiter les dérives et les abus.
J’ai vu la naissance de ce métier d’accompagnant au sommeil en France lorsque j’ai commencé en 2016 et que nous n’étions que 2 ou 3. C’est parce que les familles ont eu du mal à trouver dans l'environnement existant (médical et paramédical) une écoute, un support, des réponses concrètes à leurs questions et des solutions satisfaisantes après l’arrivée de leur bébé que ce métier a vu le jour en France. Il était alors déjà largement développé dans les sociétés anglo-saxonnes (Etats-Unis, Canada, Angleterre, Australie...). A tort, on a longtemps considéré que l’accouchement était une fin en soi et le reste... l'instinct (sic) et l'environnement personnel combleraient l'absence d'expérience. On se prépare donc à l'accouchement... et après? C'est pourtant là que tout commence...
Moi aussi je suis donc en colère.
Je suis en colère de constater que c’est seulement 8 ans après mes débuts, lorsque tout le monde a pris conscience de l’importance du sommeil, qu’on fait autant de tapage pour faire bouger les choses. Où étiez-vous s'il n'y avait pas besoin de nous?
Je suis en colère de voir qu’il n’y a que dans notre société française que la réponse est médicale ou n’est pas.
Je suis en colère que les médias ne prennent pas le temps de venir discuter avec nous, les pionnières, pour comprendre. Vous ne faites d’ailleurs aucune mention dans votre article de toutes ces familles accompagnées qui témoignent de leur entière satisfaction.
Je suis en colère que le monde d’aujourd’hui donne plus de crédibilité au nombre de followers, souvent achetés, qu’à l’expérience, aux qualifications et à la qualité du contenu.
Et surtout je suis en colère d’écouter le récit de ces familles désespérées qui se tournent vers nous parce que leur bébé a des nuits chaotiques, bouleversant le fragile équilibre de leur foyer sans que quiconque n'ait pris le temps de l'analyse, jetant quelques conseils à la volée et invoquant le hasard.
Parce qu’une mère au bord du burn out s’est vue répondre qu’un bébé ca pleure énormément et ca ne dort pas beaucoup sans avoir aucune piste à explorer.
Parce qu’on a dit à ces mamans allaitantes que leur bébé n’a plus besoin de téter la nuit à partir de 4 mois ou que leur lait n’est pas suffisamment riche pour combler ses besoins, mettant à mal leur projet d’allaitement.
Parce qu’un professionnel de santé (oui ça arrive aussi) leur a répondu qu’il fallait laisser bébé pleurer...
Parce que bébé pleure souvent parce qu'il est en manque de sommeil, souvent parce que l'on pense en crèche ou à la maison que le sommeil de la journée est fonction inverse du sommeil de la nuit.
Nous accompagnons les familles avec toute l'écoute, la bienveillance, l'expertise et l'expérience que nous sommes - pour certaines d'entre nous - allées chercher là où elle se trouvait, avec curiosité et passion. Et non. Cela ne fonctionne pas tout le temps. Le sommeil dépend de multiples facteurs qui nous échappent, sur lesquels nous ne pouvons pas avoir d’impact avec tout ce qui se passe en coulisse dans le développement psychoaffectif et psychomoteur chez l’enfant et parce que nous ne sommes pas dans les familles lors de la mise en place de nos recommandations.
Nous n'avons pas la prétention de tout solutionner mais surtout nous n'avons en aucun cas vocation à remplacer la sphère médicale qui - ô surprise - s'occupe du médical d'abord et avant tout. Il s'agit d'un "et" et pas d'un "ou", mal français que de penser qu'il faut choisir.
Vous vous appuyez sur une caricature pour alimenter la controverse. Au-delà de la diffamation, c'est un manque flagrant de discernement et de professionnalisme.
Que les choses soient dites: vous avez raison. Oui le nombre de consultants-experts auto-proclamés a explosé ces dernières années, portés par des tactiques toujours plus déconcertantes sur les réseaux sociaux qui nous amènent à penser que nombre de parents manquent également cruellement de discernement... Et oui certain(e)s pratiquent des prix qui nous laissent chaque jour dubitatifs parfois, abasourdis souvent.
Mais oui aussi les parents ont le choix, pour peu qu'on les éclaire. Et nous rejoignons là le besoin de repères et de régulation. Le choix d'un prix juste qui rémunère le temps et non le miracle (je vous donne un repère en conclusion pour tordre le cou à l'idée d'un "business en or"). Le choix de mettre en place des recommandations qui leur conviennent sur le plan éthique, émotionnel et organisationnel (il n'y a pas de solution standard, chaque cas est unique d'où le besoin d'accompagnement personnalisé).
Et le choix de vérifier les formations et diplômes des consultants qui, bien qu'ils ne soient pas reconnus par l'état en France, contiennent quelques solides références pour certains.
S'agissant de formation justement, vous dites que pour accompagner les familles sur ce sujet, les infirmières puéricultrices sont qualifiées, bénéficiant de 6200h de formation. Je constate néanmoins, que chaque année, on me demande d’intervenir en crèche, et que chaque année je forme des professionnels dont une partie vient du milieu médical (infirmières puéricultrices, auxiliaire de puériculture, EJE…) et je suis chaque fois confortée dans la valeur que cela crée. Ces professionnels finissent la formation ravis d’avoir de nouvelles connaissances solides sur le sommeil pour accompagner des familles. Et ce serait précisément ces mêmes personnes qui viendraient me tirer les oreilles parce que je ne suis pas issue du milieu médical. De qui se moque-t-on ?
Je m’appelle Kelly Champinot, je suis la fondatrice de Bébé & Confidences. Ma mission depuis 2016 n’est pas de soigner mais de soutenir et d’accompagner des familles dans le respect de leur parentalité, de leur histoire singulière, du tempérament de leur enfant pour les aider à atteindre de façon progressive, bienveillante et réaliste leurs objectifs quant au sommeil de leur enfant.
Je suis doublement formée au sommeil, auprès de Brigitte Langevin et du Dr Marie-Josèphe Challamel, pédiatre et ponte dans le domaine du sommeil de l’enfant, formation reposant sur des bases scientifiques.
Ayant conscience que le sommeil est en lien étroit avec d’autre sujets, et ne prenant la question du bien-être émotionnel et de la santé de l’enfant à la légère, je me suis également formée à l’allaitement, à la nutrition infantile, au décodage des pleurs de bébé et à l’intégration des réflexes archaïques, tout en sachant orienter quand il le faut vers un autre professionnel compétent (qu’il soit pédiatre, ORL, pédopsy, etc…). Au quotidien, dans mon équipe, je travaille main dans la main avec une doula et une infirmière puéricultrice pour proposer les meilleurs accompagnements au sommeil possibles dans une approche holistique.
Je suis intimement convaincue que nous pouvons ensemble trouver des solutions en définissant les règles pour structurer les choses et professionnaliser ce métier dans l’intérêt des familles.
Cela fait 8 ans que j’exerce ce métier avec beaucoup de passion et j’espère continuer à le faire encore longtemps.
* Le repère dont je vous parlais à titre d’exemple: je facture environ 60€ de l'heure TTC (formule à 120€ génèrant 2h de travail, 30mn d'analyse d'un questionnaire en amont et 30mn de compte-rendu personnalisé en aval avec une consultation d'une heure au milieu). Charges standard (elec et internet, site web, comptable, etc.) et imposition (charges patronales etc.) déduite ces 60€ génèrent 28,6€ de salaire brut, soit 22€ de salaire net, soit environ 20€ provision vacances déduites, soit donc un peu moins de 2800€ / mois lorsque mon agenda est complètement rempli 5j/7 (ce qui n’est pas le cas). Et je n'ai naturellement pas d'assurance chômage.